10. II.
Physiologie de la phonation et phonétique articulatoire
C’est l’étude de la manière dont les sons de la parole sont
réalisés. Selon les sons à produire on met en jeu un certain nombre d’éléments
organiques [1]11 ,dont
la fonction première n’est pas la phonation qui est une fonction tardive par
rapport aux autres fonctions telles que la déglutition, la mastication ou la
respiration qui utilisent les mêmes organes.
1 l’appareil phonatoire et les différents processus physiologiques de la parole
1
l’appareil phonatoire
2. L’appareil
phonatoire et les différents processus physiologiques de la parole :
Les différents organes entrant en jeu dans la parole sont regroupés
en 3 étages jouant chacun un rôle spécifique dans la caractérisation des sons
de la parole et dans les paramètres acoustiques (hauteur, amplitude, durée):
L’étage
pulmonaire :
C’est l’étage de la
soufflerie, à cet étage sont impliqués le diaphragme, les poumons, les bronches
et la trachée ; à cette étape on peut agir sur la durée12[2] et
sur l’intensité13 du son.
L’étage laryngé :
Le larynx est situé
au sommet de la trachée et est formé d’1 ensemble de 4 cartilages : tyroïde,
cricoïde et 2 aryténoïdes. Au niveau du larynx on agit sur la fréquence14 des
sons. La fréquence avec laquelle les cordes vocales vibrent pour la réalisation
d’un son est propre à chaque individu, cette fréquence propre est appelée ton
laryngien ou fréquence fondamentale
Les cordes vocales sont reliées vers l’avant
au cartilage tyroïde, à ce niveau elles sont fixes. Vers l’arrière chacune est
reliée à un cartilage aryténoïde, à ce niveau elles sont mobiles car ces 2
cartilages pivotent ou basculent sur eux-mêmes. Lorsqu’elles sont rapprochées
elles vibrent et la réalisation est sonore, lorsqu’elles sont éloignée selles
ne vibrent pas et la réalisation est sourde. Rôle des cordes vocales :
opposition réalisation sourdes/sonores – production de la fréquence
fondamentale – production de l’intonation (variation de la f.f.) – production
de sons différenciés –rôle dans le chant (les différents registres). La
fréquence propre à chaque individu avec laquelle les cordes vocales vibrent
pour la réalisation d’un son est appelée fréquence fondamentale15 .
L’étage supra laryngé ou supra glottique (ou
résonateurs)
Il est composé de 4 cavités :
Le pharynx peut se déformer (diminuer ou augmenter) par les mouvements du
larynx (haut/bas) ou ceux de la langue (avant/arrière).
La cavité nasale ne se déforme pas. Son effet résonateur est dû au passage de l’air
lorsque le voile du palais est abaissé16 .
La cavité buccale
peut se déformer selon les mouvements de la langue ; elle est limitée en haut
par le palais, en bas par la langue et en arrière par le pharynx.
La cavité labiale se déforme grâce à la grande mobilité de ses lèvres, ce résonateur
modifie le son à la sortie de la cavité buccale
Ces cavités sont appelées
résonateurs car elles sont responsables de la transformation du ton laryngien17[3].
A la sortie des cavités supra-glottiques on a des sons
différenciés. L’ensemble des fréquences originales provenant de la déformation
particulière des résonateurs s’appelle le timbre.
La langue est le plus
important organe de la parole après les cordes vocales. Le processus de
nasalisation sert à opposer certains sons.
Il existe dans toutes les langues surtout pour opposer les
consonnes entre elles 18 . Le processus de labialisation sert à différencier
les sons mais pas forcément à les opposer, à chaque son étiré ne correspond pas
forcément un son arrondi.
2 les traits articulatoires des trois catégories du français
Consonnes et semi-consonnes
Un articulateur est une
partie organique qui, en se rapprochant ou en touchant une autre partie
organique, permet la réalisation d’un son.
Dans l’articulation d’une consonne il y a 2 sortes d’articulateurs
:
Les articulateurs supérieurs
|
Les articulateurs inférieurs
|
1 : Lèvre supérieure
2 : Incisives
supérieures
3 : Alvéoles
4 : Région
palatale19
(pré-palatale,
médio-palatale et post-palatale)
5 : région
vélaire20
(pré et
post-vélaire)
6 : région uvulaire21
|
A : lèvre inférieure
B : pointe de la langue (Apex)
C : région dorsale de la langue
(pré-dorsale, médio-dorsale et post-dorsale)
D : racine de la langue (Radex)
|
•
On oppose généralement les consonnes et les semi-consonnes par leur point
d’articulation
: A/1 : bilabiales [p, b, m] C/5 :
vélaires [k, g, w, ‘ing’]
A/2 : labiodentales [f, v] D/6 :
uvulaires [R]
B/2-3 : apico-dentales [t, d, n]
B/3 : alvéolaires [l, r, s,
z]
B/4 : pré-palatales [‘ch’, ‘j’]
C/4 : dorso-palatales [j, ‘h’ inversé, ‘gn’]
• On oppose
également les consonnes par leur mode d’articulation :
Dans l’articulation des occlusives, le blocage de l’air expiré est
total. Le passage de la phase d’occlusion à la phase d’explosion est très bref.
Le son est entendu juste le temps de l’explosion. Il y a 10 consonnes
occlusives.
Dans le mode constrictif, le blocage de l’air expiré n’est que
partiel. On distingue 3 variantes en fonction de la manière dont les
articulateurs se rencontrent.
Mode fricatif (ou
constrictif médian) : les articulateurs sont rapprochés, l’air s’écoule en
continu en provoquant un bruit de friction, le son a une durée beaucoup moins
brève que dans les occlusives, il est entendu pendant tout le temps où les 2
articulateurs sont rapprochés (durée de la réalisation). Il y a 6 fricatives.
Mode constrictif latéral :
les articulateurs sont en contact mais l’air s’écoule en continu de chaque côté
de la langue. Une seule consonne concernée, le [l].
Mode constrictif vibrant : les 2 articulateurs vibrent l’un contre
l’autre, [r]. La latérale et les vibrantes font partie des « liquides », terme
surtout employé en phonétique acoustique.
• Sourdes / sonores
Sourdes [p, t, k, f,
s, ‘ch’] Sonores
[b, d, g, v, z, ‘j’] [j, w, ‘h’ inversé, m, n, ‘ing’, ‘gn’, l,
R, r]
• Orales / nasales
Orales [p, b, t, d, k, g] Nasales
[m, n, ‘ing’]
Voyelles
• Ici le lieu d’articulation est l’endroit où
se fait le rapprochement des articulateurs : le dos de la langue et la partie
antérieure ou postérieure du palais. Dans l’articulation d’une voyelle les
articulateurs ne sont pas en contact, l’air laryngé circule librement, il n’y a
donc pas de bruit de friction.
Il y a les voyelles antérieures – la langue se masse dans la région
antérieure de la cavité buccale- et les voyelles postérieures – la langue se
masse dans la région postérieure de la cavité buccale. 22
• Le degré d’aperture est le degré d’ouverture
du canal buccal, il correspond à l’espace entre le dos de la langue et le
palais. Il y a 4 degrés d’aperture : fermé, moyennement fermé, moyennement
ouvert et ouvert.
• On distingue 2
catégories de voyelles selon que lors de l’articulation les lèvres sont étirées
ou arrondies, c’est la labialisation. Certaines voyelles peuvent s’opposer 2 à
2 selon ce critère.
• Comme pour les
consonnes on a les voyelles orales et les voyelles nasales.
22 pour l’anglais il faut rajouter une région
centrale pour l’articulation de certains sons (ex. duck)
3 classifications articulatoires des sons.
Rappel des critères de
classification
Les consonnes :
- mode d’articulation
(occlusives, constrictives)
- le passage de l’air dans les cavités (orales et nasales)
- le rôle des cordes vocales
(sourdes, sonores)
- les points d’articulation
(bilabiales, labio-dentales, apico-dentales, alvéolaires, pré-palatales,
dorso-palatales, vélaires, uvulaires)
Les voyelles :
La
production des voyelles est relativement différente de celle des consonnes.
Contrairement aux consonnes, la production de voyelles ne nécessite pas la
production de bruit de friction ou d’une petite explosion.
De façon générale, les voyelles sont produites
avec un écoulement nettement plus libre de l’air à travers l’appareil
phonatoire.
Les voyelles du français sont habituellement représentées par une figure
géométrique qui contient l'information pertinente à leur classification: le
trapèze vocalique.
Ce trapèze, représenté sur deux
dimensions, contient deux axes dont chacun renferme un type de donnée:
L'axe vertical du trapèze vocalique indique l'aperture (degré
d'ouverture de la bouche) qui se définit comme le degré d'ouverture de la
bouche lors de sa réalisation.
Par exemple, essaye de prononcer le son
[i] de façon isolée comme dans le mot « riz » et le [a] du mot « rat
». Vous devriez noter que la bouche doit être beaucoup plus ouverte pour la
production du [a]. C’est donc l’aperture qui permet de distinguer entre
ces deux voyelles. Le français comprend 4 classes de voyelles divisées selon
leur aperture:
a) fermées [ ]
comme dans les mots: « riz », « nid», « vie»
b) mi-fermées [ ]
comme dans les mots: « ré », « né », « rivé »
c) mi-ouvertes [ ]comme dans les mots: « raie », « nait », « vais »
d) ouvertes [ ]
comme dans les mots: « rat », « n'a », « va »
L'axe horizontal du trapèze vocalique, quant à lui, indique la
position (avant, centre, arrière) de la langue dans la bouche, ou encore le
lieu d'articulation. Une voyelle est dite antérieure lorsque la partie
antérieure de la langue se masse vers l'avant de la cavité buccale et
postérieure lorsqu’elle se masse à l’arrière du chenal buccal. Comparez par
exemple le son [e] de “nez” au [o] de « nos ». Si vous
prononcez les deux voyelles de façon isolée en passant rapidement de l’une à
l’autre, -, vous devriez sentir votre langue passer d’une position antérieure à
une position postérieure.
Nous avons jusqu’à présent deux
descripteurs des voyelles : l’aperture, et le degré d’antériorité. Peut-on
différencier toutes les voyelles du français? Non. Prenons par exemple, les
sons [i] de “riz” et [y] de « rue » par exemple. Prononçons les deux sons : Que
remarquez-vous? Les deux voyelles sont fermées, et elles sont également
antérieures. Elles se distinguent par un autre critère qui est très important
dans la production des voyelles : la labialité. Les voyelles comme le [y]
de « rue » sont produites avec une projection des lèvres vers l’avant, un
peu comme lorsqu’on siffle. Nous leur attribuons le caractère arrondie (ou
labialisées).
Finalement, nous ne pouvons toujours
pas distinguer entre les voyelles comme le « a » de « pâte » du « a »
de « pente ». La production de la deuxième requiert l’ouverture du canal
nasal de façon à ajouter une résonance toute particulière à cette voyelle. Le
passage vers la cavité nasale est ouvert lorsque le voile du palais (la luette)
descend et s'écarte de la paroi pharyngale. L’opposition entre les voyelles
nasales et orales est particulièrement utile en français comme dans quelques
autres langues comme le portugais et le polonais. L'anglais, par contre,
n'utilise pas tellement cette opposition (les détails seront probablement vus
en phonologie). Pour en revenir à nos exemples, la première voyelles sera
qualifiée d’orale, alors que la deuxième sera décrite comme étant nasale.
En résumé, les 4 traits
articulatoires suivants sont utilisés lors de la description des
voyelles:
a- l’aperture (fermée, mi-fermée, mi-ouverte, ouverte)
b- la zone d'articulation (antérieure/centrale/postérieure)
c- la formes des lèvres (arrondies/non arrondies)
d- la nasalité (orale/nasale)
Il existe finalement une voyelle
centrale qui n'est pas arrondie et qui est totalement neutre. Il s'agit du «
e » appelé chva. Cette voyelle apparaît dans les mots: "le",
"serin"' etc.
Au total, le français standardisé
possède 16 voyelles, tel que présenté dans le trapèze ci-dessous :
Trapèze
vocalique du français :
Les voyelles françaises sont souvent
représentées sous forme de trapèze (même s'il y a 5 côtés). Cette forme
géométrique doit représenter la position approximative des organes
articulatoires (principalement la langue dans le cas des voyelles) lors de leur
production.
- le passage de l’air dans les cavités (orales et nasales)
- la labialisation (étirées
ou arrondies)
- le lieu d’articulation
(antérieure et postérieure)
- l’aperture (fermées,
mi-fermées, mi-ouvertes, ouvertes) Les voyelles « cardinales » sont celles
réalisées avec un mouvement articulatoire optimum : ex. [i] est à la fois la
plus antérieure, la plus étirée et la plus fermée, [u] est à la fois la plus
postérieure et la plus arrondie. Ces voyelles cardinales apparaissent dans tous
les systèmes vocaliques.
Trapèze articulatoire des voyelles du français :
Les semi-consonnes :
Chacune est issue d’une
voyelle particulière [j] / [i], [‘h’ inversé] / [y], [w] / [u]. Elles sont
toutes les 3 constrictives médianes ouvertes, orales et sonores.
- Du point de vue
articulatoire les 1/2 consonnes correspondent à un phénomène de palatisation ou
de fermeture de la voyelle correspondante.
[1] 11 voies
respiratoires, pharynx, larynx, langue, …
12
selon que l’on expulse +ou – d’air le son sera + ou - long
13
selon la force avec laquelle on expulse l’air le son sera + ou – fort
14 c’est le nombre de vibrations par seconde
des cordes vocales ; elle dépend à la fois de la longueur et de l ‘épaisseur
des cordes vocales (plus les cordes sont grandes et épaisses, plus la voix est
grave) 15 ou encore ton laryngien ou son laryngé
16
Cf processus de nasalisation
[3]
17 fréquence indiférenciée provenant de la vitesse de vibration des
cordes vocales
18 en espagnol et en anglais il n’y a a pas de
voyelles nasales
19
région osseuse du palais, ou palais dur
20 partie postérieure du palais non osseuse,
ou palais mou
21
partie mobile : luette