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  • Chapitre 1 (BENZOUAI +ZEGROUR)

    CHAPITRE 1 :

                                                                 La logique naturelle

     

    Introduction :

         La logique naturelle se présente comme étant une théorie de la pensée humaine qui cherche des traces des opérations de pensée dans le discours. Elle cherche à les décrire, pour appréhender le discours et comprendre comment ces opérations constituent et organisent les contenus des discours.

    1.      La logique naturelle

         La théorie de la logique naturelle selon Jean-Grize Blaise tient compte de l’argumentation, le signe, la communication discursive, la contradiction et aspects de réflexions, et ne tient pas plus de la linguistique que ne le fait la rhétorique, en effet, les deux prennent appui sur des phénomènes langagiers.  En d’autres termes, la théorie de la logique naturelle tente, selon Grize de répondre à la question déterminante suivante :

    « Nous savons aujourd’hui très bien comment fonctionne la pensée lorsqu’elle se sert du langage logico-mathématique, mais peu de travaux se préoccupent de son fonctionnement quotidien. La question se pose donc de saisir comment fonctionne la pensée lorsqu’elle ne mathématise pas ».

         Grize Blaise tente à travers sa théorie de conceptualiser la schématisation discursive, une des notions les plus importantes. On y rencontre trois idées essentielles, en l’occurrence, la représentation, la communication ainsi que la logique. Selon J-B, Grize,

    «Une schématisation est une organisation de connaissances dont le locuteur prend conscience en même temps qu’il les met en forme pour les communiquer ».

         En contexte sociologique, la logique naturelle accorde le sens de manière pertinente, car elle ne peut se contenter de construire des modèles formels comme en sciences physiques. D’après (Busino, 1992, p. 62) elle produit du sens et de signification. Du moment que la logique naturelle puisse mettre en évidence les raisonnements sous-jacents, elle se distingue également de la formelle.

    1.1.Structure de la logique naturelle

                             

     

    1.1.1.      L’argumentation

         La distinction entre l’argumentation, faites d’énoncés, et la démonstration, faite de propositions, représente l’une des opérations langagières prépondérantes à observer lors de la construction des énoncés et/ou la production du sens.

         Un énoncé parle « d’ici et maintenant », autrement dit, il se réfère au locuteur, à sa situation spatio-temporelle, voire à son interlocuteur.  Quant à une proposition, elle parle plutôt d’un objet et de son action (de lui ou sur lui) ou encore d’un sujet et son verbe indépendamment des facteurs temporels et spatiaux.

         De ce fait on peut dire que l’argumentation se distingue de la démonstration, car elle est personnalisée et renvoie aux vécus des interlocuteurs. Une autre nuance peut en découler, celle entre convaincre et persuader. Ainsi, pour convaincre son interlocuteur (destinataire), le locuteur (destinateur) est contraint de faire appel à l’esprit critique de ce dernier, à la raison, et aux facultés d’analyse et de raisonnement. Tandis que pour le persuader, il cherchera à stimuler ses sentiments et sa sensibilité ; il s’agit de jouer donc sur des valeurs et des repères culturels communs.

         En somme, l’argumentation cherchera donc en premier à « persuader », puis dans un deuxième temps à « convaincre ».

    1.1.2.      Le signe :

         D’après J-B, Grize, tout ce que l’on connaît ce sont les représentations que l’on a des choses et non les choses en elles-mêmes. C’est pourquoi la fonction symbolique du signe et centrale.

    Selon le point de vue Grize, il est important d’effectuer un contraste entre les modèles mentaux (représentation que l’on fait du monde extérieur ou de concepts) et les schématisations verbales du discours organisé (image verbale proposée dans un discours tenu par le locuteur à son interlocuteur), selon Marc Richelle auteur de « l’acquisition du langage ».

         En effet, les deux notions sont construites à l’aide de systèmes de signes, néanmoins les modèles mentaux se limitent à l’intérieur du langage, tandis que les schématisations ne brisent pas les liens avec l’extérieur et ce qui se traduit ailleurs. C’est là où nous constations une autre différence entre des notions celles qui se servent du langage formel et celles qui relèvent de la langue naturelle.

    1.2.L’échelle d’acceptabilité

         Les jugements d’acceptabilité se produisent sur la base d’une échelle graduée, ainsi le terme acceptable désigne tout énoncé ayant été jugé acceptable et/ou discutable mais plutôt acceptable. Le terme discutable désigne tout autre énoncé.

    1.2.1.      énoncés exclus

    ü  agrammaticalité : Il a prendu  (pris)

    ü  énoncé aberrant : Partons arbre ciel très carré … ”  ( ? )

    1.2.2.      énoncés possibles

    ü  contexte général : Il est allé en forêt  (vers)

                                                 Il croyait à Dieu  (en)

    ü   contexte particulier : Il arrive hier (… pour travailler et aujourd’hui il est au cinéma)

    ü  situation d’énonciation : Je ne puis causer à ce mec  (peux  …  personne)

                                           Dans l’aube, Ghiva appelait la sorcière. ( à )

     

     

     

     

     

     

    Apprentissage, fautes, erreurs … : 

    Exemple d'un dialogue (cf. CORDER, in Langages n°57)

                            M. Où est-ce que tu as trouvé ce jouet?

                            E. J'ai trouvé à Juliette.

                            M. Comment?

                            E. J'ai prendu à Juliette.

                            M. Tu l'as pris à Juliette?

                            E. Oui, j'ai pris à elle.

                            M. Tu le lui a pris?

                            E. Oui, je lui ai pris.                                          etc. ......

     

     

     

     

    §  POINTS DE REPERES BIBLIOGRAPHIQUES :

     

    -          BAKHTINE, M, 1977, Le marxisme et la philosophie du langage, PARIS : Minuit.

    -          BALLY, C, 1944, Linguistique générale et linguistique française, BERNE : Francke.

    -          BENVENISTE, E, 1966, Problèmes de linguistique générale, I, PARIS : Gallimard.

    -          BENVENISTE, E, 1974, "L'appareil formel de l'énonciation", in : Problèmes de linguistique générale, II, PARIS : Gallimard.

    -          DUCROT, O & TODOROV, T, 1972, Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Paris : Seuil.

    -          GALISSON.R & COSTE, D, 1976, Dictionnaire de didactique des langues, Paris : Hachette.

    -          ROBERT,  J-P, 2002, Dictionnaire pratique de didactique du F.L.E., coll. L’essentiel, Paris : OPHRYS.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ø  Application/TD :   LA LOGIQUE NATURELLE (Enoncés et acceptabilité)

    §  Procédez à la correction des énoncés proposés ci-dessous, puis cherchez leurs équivalences dans le registre adéquat.

     

    1 - Toute vie individuelle ou sociale devient déterminée par une activité professionnelle.

    2 - Après 1789 une nouvelle société vient de paraître.

    3 - La révolution de 1789 eut par conséquent une nouvelle société.

    4 -  ...est déterminée par une extériorité professionnelle.

    5 - A partir de sa façon de discussion qui se base...

    6 - ...qui aboutira à vénérer l’activité de l’individu.

    7 - Il critique l’économie monétaire en marquant l’effet de l’aspect indifférencié de l’homme.

    8 - Les philosophes de ce clan sont appelés « idéalistes  ».

    9 - Je précise que mes consultations des divers modes économiques...

    10- Une variété des sociétés qui se trouvent à des étapes...

    11- ... ni d’une autre part...

    12- Il faut concrétiser l’aspect collectif dans le monde.

    13- Ceci veut dire qu’il ne faut pas donner une fausse importance...

    14- ...les sociétés qui se trouvent sur des étapes.

    15- Ils ne peuvent dans aucun cas...

    16- Ensuite on se trouve devant le cadre dirigeant.

    17- Ce point évoque la notion de souveraineté d’où il s’est trouvé contraint.

    18- ... se détachait de l’entité ou la nation.

    19- Ce texte nous donne une description sur l’individu.

    20- La société est différente à celle d’aujourd’hui.

    21- Ce texte traite de la nécessité de comprendre, à travers d’une étude sociologique, ...

    22- .. avec une tendance vers la domination de l’homme...

    23- Il est trop sinistre de prévoir de certaines valeurs seront relativisées.

    24- Ils ne peuvent pas en aucun cas remplacer la passivité par la mollesse.

    25- Des valeurs individuelles qui peuvent pas se permettre...

    26- L’étude est caractérisée d’un aspect sociologique.

    27- Il s’acharne de déterminer le comportement...

    28- Il s’est trouvé contraint à citer certains régimes.

    29- Il consiste d’élaborer...

    30- Bien qu’ils soient quasi dépouillé d’originalité...

    31- Le marxisme dont son but d’étude...

    32- Il en résulte de tout cela...

    33- Des institutions et des systèmes de régulation pour l’activité économique.

    34- ... ainsi les relations entre les termes indiqués...

    35- Ainsi de même que dans les bureaucraties antiques...

    36- Il ne faut pas nier la relation public-privé dont on voit plusieurs efforts du secteur privé se déployer.
    37- Il constitue le cadre où peut s’évoluer le monde.

    38- L’accroissement des fonctionnaires se tient sur une organisation pyramidale de la société.

    39 - ... dont les opérations se déterminent en la création...

     


    • Chapitre 2 (BENZOUAI + ZEGROUR)

      CHAPITRE 2 :

      LES CATEGORISATIONS :

      IDENTIFICATION ET DIFFERENCIATION

       

      Introduction :

           La catégorisation est une activité mentale qui consiste à placer un ensemble d'objets dans différentes catégories (classes, types, taxons) en fonction de leurs similarités ou de critères communs. Selon Mervis et Rosch (1981)[[1]],

      « la catégorisation se révèle être une activité cognitive consistant à regrouper des objets ou des événements non identiques dans des catégories, une catégorie cognitive étant un ensemble d’objets « considérés comme équivalents » par l’individu ».

           Il s'agit d'un processus cognitif fondamental dans la perception et la compréhension de concepts et d'objets, dans la prise de décision et dans toutes les formes d'interaction avec l'environnement[]. Une catégorie cognitive est un ensemble d’objets « considérés comme équivalents », d'un certain point de vue, par l’individu. Si catégorisation et classification sont à la base, synonymes, le terme « classification » s'applique essentiellement aux processus et structures mathématiques ou techniques permettant la catégorisation, tandis que le terme « catégorisation » s'applique plutôt aux aspects psychologiques et au concept lui-même. Le terme « catégorisation » englobe de ce point de vue la constitution des classes ou catégories (pas au sens mathématique de ce terme).

      Ø  Qu’est ce que la catégorisation en français ?

           La catégorisation est une représentation que l’on fait du monde, d’un modèle ou d’un élément. En linguistique, le sens tient compte de l’ensemble des différentes formes qu’un mot peut prendre suivant le contexte dans lequel est employé. C’est aussi, l’ensemble des unités qui peuvent se substituer les unes aux autres.

      Exemple : Le paradigme du verbe ‘‘compter’’. (L’ensemble des formes qu’on peut attribuer)

      -          Compter les voix, les suffrages. (chiffrer)

      -          Compter les spectateurs d'un théâtre, les habitants d'une ville. (recenser)

      -          Compter l'argent que l'on dépense. (regarder)

      -          Compter ses pas. (agir)

      -          Compter les moments dans l'attente de son retour. (mesurer)

      Ø  L’Organisation hiérarchique :

           La catégorisation peut également être organisée hiérarchiquement. En particulier dans le cas des taxinomies chaque classe est associée à des « sous-classes » ou classes filles ainsi qu'à des « sur-classes » ou classes mères. Même avec cette structure, il existe des cas problématiques, pour lesquels il est difficile de définir précisément la classe dans laquelle ils doivent être rangés.

            Le contenu, ou sens, d'une classe ainsi que sa portée, ou étendue, se définissent réciproquement. Les classes les plus générales ont une grande portée, mais un sens vague. Au contraire, les classes les plus spécifiques ont une portée très restreinte, mais un sens plus précis. Ainsi, le terme « mobilier » englobe une plus grande variété d'objets que le terme « chaise » (portée) et a une signification plus vague (sens).

            Ces catégories cognitives sont hiérarchisées, c'est-à-dire que chaque catégorie est incluse dans la catégorie d’ordre supérieur. Les catégories les plus abstraites et les plus génériques correspondent aux catégories les plus englobantes. Au sein de cette catégorisation, on trouve différents niveaux :

      • Le niveau de base (ou niveau de référence) utilisé dans le traitement des informations
      • Les catégories super-ordonnées
      • Les catégories supra-ordonnées

      Ø  Le Processus de catégorisation :

      Le processus de classification peut être holistique ou analytique

      • Le processus holistique : Rosch et Mervis (1975) ont proposé le modèle prototypique des catégories cognitives. En se fondant sur la typicalité ou la similarité les individus font leur évaluation. Cette dernière ne se fait pas par le biais d’une analyse de différents attributs mais selon un processus global.
      • Le processus analytique : il s'agit de comparer directement les attributs et non plus de recourir à un processus global. La catégorisation s’appuie sur la similarité entre les caractéristiques associées au stimulus et aux catégories cognitives existantes

      CATEGORISATIONS

      ü  Paradigme du verbe « manger » :

      Max mange sa soupe dans un bol

      Max mange au restaurant

      La rouille mange le fer

      Ce travail mange du temps à Max

      La barbe de Max lui mange le visage

      Les arbres mangent notre vue sur la mer

      Max mange son crayon

      Max a mangé son héritage

      Cette compagnie mange de l’argent

      Ma voiture mange beaucoup d’essence

      Max n'a jamais .mangé personne                                 .                    

      Outre ces 10 entrées, on observe 47 formes figées (verbes et adverbes complexes)    

      Max mangera des briques - Max a mangé du cheval - Max a mangé du lion

      Max mangerait des oursins sur la tête d'un galeux- Max a mangé la grenouille

      Max a mangé du lapin - Max a mangé du curé - Max mange ses doigts

      Max mange ses ongles - Max mange un morceau - Max mange un petit quelque chose

      Max a mangé le morceau - Max mange ses mots - Max mange des ortolans         

      Max à mangé son pain blanc - Max mange de la vache enragée - Max ne mange pas de ce pain là

      Cela ne mange pas de pain - Max lui mangeait le blanc des yeux

      Max mange le pain de ses ouvriers - Max mange pour deux - Max mange à sa faim

      Max mange à son appétit - Max mange sur le pouce - Max mange à tous les râteliers

      Max mange Ida de baisers - Max mange son pain du bout des dents

      Max mange son pain à belles dents - Max mangera Luc tout cru

      Le temps a mangé son usine aux mites - Le temps a mangé son usine aux vers

      Max mange Ida du regard (des yeux) - Max mangera Ida à quelle sauce ?

      Max mangerait des oursins sur la tête d’un pouilleux

      Max mangerait des oursins sur la tête d’un galeux

      Max a mangé son blé en herbe - Max mangerait le diable et ses cornes

      Max mange la laine sur le dos des ouvriers - Max mange du caviar à la louche

      Max en perdra le boire et le manger - Max mange les pissenlits par la racine

      Max mange à s’en faire péter la sou ventrière - Il y a à boire et à manger dans ce texte

      Cette couleur est ravissante, on en mangerait - Max est bête à manger du foin

      Son manger est dans un sac (substantif).

       

      CATEGORISATIONS (Suite)

      Les verbes « penser » :

      Deux acceptions, parmi d'autres, de "penser":

      « penser faire un voyage. »  (volition)

      « penser à q.q. ou q.ch. » (songer à)

      On peut obtenir des couples de paraphrases:

      "Jean pense faire un voyage." <---> Jean a l’intention de faire un voyage.

      "Jean pense à sa fiancée." <-> Jean rêve à sa fiancée.

      Les verbes “tenir” :

      Inventaire des acceptions de "tenir" relevées dans le dictionnaire « Petit Robert » :

      Jean tient à faire un voyage. <-> Jean désire faire un voyage.

      Jean tient à sa fiancée <----> ... est attaché â ..

      Jean tient sa promesse <-> .... réalise......

      Jean tient de Pierre que Marie est venue <--> .... apprend....

      Cela tient à une erreur <-> .........est la conséquence d’une erreur

      Pierre se tient dans cette maison <-> ......se trouve...

      Jean tient à la main un journal <-> ..... a ....

      Jean tient son enfant par la main <-> ....retient....

      Jean fait tenir un message <----> ....transmet....

      Jean tient des épices dans un bocal <--> ....garde /conserve....

       

       

      §  POINTS DE REPERES BIBLIOGRAPHIQUES:

      -          BRONCKART.J.P,1985, Les sciences du langage: un défi pour l'enseignement?, UNESCO- Delachaux & Niestlé.

      -          BRUNER.J, 1983, Savoir faire, Savoir dire, PARIS: PUF.

      -          BRUNER.J, 1987, Comment les enfants apprennent à parler, Paris: RETZ.

      -          CULIOLI, A, 1988, La négation, marqueurs et opérations, in : La négation , Travaux du Centre de Recherches Sémiologiques, n° 56. Université de Neuchâtel.

      -          GAONAC'H.D, 1987, Théories d'apprentissage et acquisition d'une langue étrangère,           PARIS: Crédif/Hatier.

      -          GRIZE Jean-Blaise, 1990, Logique et langage, Paris : Ophrys.

      -          KLEIN.W, 1990, L'acquisition de langue étrangère, Paris: COLIN.

      -          MOREAU.M-L & RICHELLE.M, 1981, L'acquisition du langage, BRUXELLES: Mardaga.

      -          VIGNAUX.G, 1988, Le discours acteur du monde, PARIS: Ophrys.

      -          VYGOTSKI.L.S, 1985, Pensée et langage, (Traduction),PARIS: Editions Sociales.

       

       

       

       

      Application/TD

      (ETUDE DES PROBLEMES DE CATEGORISATION)

       

      (Ac)     1- Il grimpait      l'arbre.

                  2- ...car le renard n'a jamais su monter       un arbre.

                  3- Le prince venait à chaque jour pour la voir.

                  4- Il est parti en forêt.

                  5- Un jour les frères sont allés en chasse.

                  6- Ils ont discuté sur ce sujet.

                  7- On a discuté un peu      nos affaires.

      (A)       8- Elles jouent     la corde et     le ballon.

      (A)       9- Tout le monde tremblait de lui.

                  10-Ils ne croyait pas à Dieu.

                  11-Sa soeur grillait de jalousie.

                  12-Il priait toujours Dieu, à vrai dire il (en) croyait toujours en miracle.

                  13-Il lui a dit que tu n'as pas tenu à promesse.

      (A)       14-Il est resté     l'admirer.

                  15-Elle avait pensé de laisser l'oiseau s'envoler.

                  16-Elle n'a pensé que     ce qu'elle a dit, sa mère.

                  17-Son peuple a réussi        remplacer l'ami de Mokrane pour un nouveau chef.

      (AAcK)18-J'ai envie      te parler.

                  19-Elle s'est décidée d'aller elle-même à la recherche de Loudja.

      (A)       20-...jusqu'à ce que vous vous le dégoûtiez.

                  21-Elle a voulu de savoir si elle avait des frères.

                  22-J'ai échangé le boeuf avec un cheval.

                  23-Elles parlaient toutes de l'épouser à leur fils.

                  24-Depuis ce jour l'oiseau ne s'est jamais quitté de prince.   

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       

       



      1. Mervis, C. B., & Rosch, E. (1981). Categorization of natural objects. In M. R. Rosenzweig & L. W. Porter (Eds.), Annual Review of Psychology (Vol. 32).

       


      • Chapitre 3 (BENZOUAI + ZEGROUR)

        CHAPITRE 3 :

        LES CATEGORIES : TYPES ET FONCTIONS

        Introduction :

             Dans ce chapitre nous expliquerons comment les catégories grammaticales permettent de construire le sens du texte, ainsi l’observation des différents aspects des mots nous permettra d’interpréter avec précision et nuance l’ensemble des propriétés grammaticales et des propriétés sémantiques. Nous pouvons dire que le mot est porteur de sens défini par le dictionnaire. Néanmoins, et indépendamment de la définition particulière donnée par le dictionnaire, il est également porteur d’une information qui soit liée à sa catégorie grammaticale. Il existe neuf principales catégories grammaticales en français, subdivisées en deux types :

        §  Les catégories variables : nom, adjectif, déterminant, pronom, verbe.

        §  Les catégories invariables : adverbe, préposition, conjonction (coordination et subordination), interjection.                

        Du point de vue du lecteur :

             La distinction entre les différentes catégories de mots peut être utile dans la mesure où elle permet d’orienter l’activité du lecteur dans un texte. Ainsi, pour connaître :

        ü  le thème (ce dont on parle) et le propos (ce que l’on dit du thème), il faut repérer particulièrement les noms, les verbes et les adjectifs qui qualifient le domaine traité ;

        ü  le point de vue exprimé, il faut repérer surtout les pronoms personnels, les interjections et, parmi les adjectifs et les adverbes, ceux qui révèlent une attitude ou une prise de position de la personne qui s’exprime ;

        ü  le rapport particulier que l’auteur exprime au regard d’une réalité nommée, il faut concentrer l’attention sur les déterminants ;

        ü  le fil conducteur, donc la cohérence sur le plan logique, fonctionnel ou structural entre des éléments de la phrase ou du texte, il faut repérer systématiquement les mots qui assurent la liaison des éléments de sens : prépositions, coordonnants, subordonnants.

        Observations :

             Dans un texte, la prédominance de certaines catégories grammaticales peut être un bon indice du type de texte. Par exemple,

        ü  les verbes sont caractéristiques du texte narratif (roman, nouvelle, récit) ou prescriptif (consigne, mode d’emploi) ;

        ü  les adjectifs, les adverbes caractérisent le texte descriptif (portrait, paysage) ou expressif (poème);

        ü  les coordonnants et les subordonnants sont des marques des textes explicatif (analyse) ou argumentatif (dissertation, essai).

        §  POINTS DE REPERES BIBLIOGRAPHIQUES :

        -          DUCART Dominique, 2004, Entre grammaire et sens, Paris : OPHRYS.

        -          DUCROT, O, et alii, 1980, Les mots du discours, PARIS : Minuit.

        -          FUCHS Catherine, 2004, (Dir.), La linguistique cognitive, Paris : OPHRYS.

        -          BAKHTINE, M, 1977, Le marxisme et la philosophie du langage, PARIS : Minuit.

        -          BALLY, C, 1944, Linguistique générale et linguistique française, BERNE : Francke.

        -          BENVENISTE, E, 1966, Problèmes de linguistique générale, I, PARIS : Gallimard.

        -          BENVENISTE, E, 1974, "L'appareil formel de l'énonciation", in : Problèmes de linguistique générale, II, PARIS : Gallimard.

        -          FÈVE, G, 1992, (Dir.), L'enfant polynésien - son univers langagier - , PARIS : L'Harmattan.

        -          FÈVE, G, & LOMBARDINI, C, 1994, (Dir.), Communication et parlers en Polynésie, Paris : Maisonneuve-Larose.

         

        Applications/TD:

        Exercice 1 : Déterminez la catégorie des mots soulignés et le rôle de chacune d’entre elles.

        1-      Le livre de mon ami est un outil précieux pour plusieurs étudiants.

        2-      L’hiver s’éternise, mais il finira sous peu. Soyons optimistes !

        3-      Ces candidats, qui sont sérieux, relisent leur texte parce quils veulent éviter les erreurs de langue.

        4-      En avril, la neige fond sous l’effet de la chaleur du soleil.

        5-      Ah, vous me prenez par surprise !

        6-      Einstein énonça le principe de la relativité. Par cela, il a ouvert des voies qui révolutionnèrent la connaissance  de l’univers.  

        7-      Récemment, j’ai appris que le Musée allait présenter une très belle exposition à Montréal puis à Québec.

        8-      Les amateurs d’exotisme rêvent de voyager en Amazonie.

        9-      Le sport et l’alimentation sont déterminants pour la santé, mais tous les citoyens ne sont pas prêts à faire les efforts qui s’imposent, ils se soignent. 

        10-  Rusés et prudents, les animaux sauvages se protègent de l’homme.

         

        Exercice 2 : Comblez les espaces laissés dans les séquences suivantes du texte, par des mots ou des expressions qui conviennent au sens de chaque énoncé. Dans la fiche de travail, indiquez le rôle des mots choisis dans la construction de sens et le type de texte qu’ils suggèrent.

        Texte

        1)      Il y _____________ six ans, par une froide journée d’automne, Joël _____________ un minuscule chaton abandonné et nous l’_____________ sachant que nous ne _____________ pas à ses yeux pleins de confiance. Il savait que notre chère vieille Ciboulette venait de_____________ et que la maison _____________ bien vide sans elle.

        2)      Cette petite _____________ changea notre _____________ . Elle s’habitua à nous et à sa nouvelle _____________ , dont elle commença par découvrir toutes les _____________ pour fuir les _____________ potentiels.

        3)      À son arrivée, elle était _____________ , mais apprit bien vite que nous étions ses « parents » _____________ et elle devint _____________ en nous. Parfois elle restait _____________ , nous fixant d’un regard qui dénotait une _____________ méditation, parfois elle explorait son _____________ univers avec une curiosité toute _____________ .

        4)      _____________ adulte, elle joue _____________ qu’il y a six ans, mais elle est encore _____________ rapide pour attraper une mouche et _____________ agile pour sauter sur l’armoire. Elle vient _____________ s’asseoir sur mon bureau quand je travaille et miaule _____________ pour me dire son affection.

         

         

        Exercice 3 : Relevez tous les coordonnants et subordonnants contenus dans le texte suivant, en précisant, chaque fois, s’il s’agit d’un coordonnant ou d’un subordonnant.

        Texte : « Toutes deux, maternellement, regardèrent Berthe. Elle avait fini par pousser Auguste dans l’embrasure de la fenêtre, où elle l’enfermait de ses jolis gestes. Il s’animait, il risquait la migraine. Cependant, un groupe d’hommes graves causaient politique, dans le petit salon. La veille, à propos des affaires de Rome, il y avait eu une séance orageuse au Sénat, où l’on discutait l’adresse ; et le docteur Juillerat, d’opinion athée et révolutionnaire, soutenait qu’il fallait donner Rome au roi d’Italie ; tandis que l’abbé Mauduit, une des têtes du parti ultramontain, prévoyait les plus sombres catastrophes, si la France ne servait pas jusqu’à la dernière goutte de son sang, pour le pouvoir temporel des papes ». (Émile Zola, Pot-Bouille)

         

        Exercice 4 : Dites si les adjectifs soulignés sont de type qualifiant ou classifiant.

        « Ce palais était un vrai logis seigneurial. Tout y avait grand air, les appartements de l’évêque, les salons, les chambres, la cour d’honneur, fort large, avec promenoirs à arcades, selon l’ancienne mode florentine, les jardins plantés de magnifiques arbres ». (Victor Hugo, Les Misérables)

         

        Exercice 5 : Précisez pour chaque mot souligné s’il s’agit d’un déterminant identifiant ou d’un déterminant quantifiant.

        « Cette visite dura plusieurs heures. Le curé invita à dîner M. Appert, qui prétendit avoir des lettres à écrire : il ne voulait pas compromettre davantage son généreux compagnon ».

        (Stendhal, Le Rouge et le Noir)

         

        Exercice 6 : Dites à quelle catégorie grammaticale de mots appartiennent les mots soulignés.

        « Ses yeux noirs en apparence, mais en réalité d’un brun orangé, contrastaient avec ses cheveux dont le blond fauve, si prisé des Romains, se nomme auburn en Angleterre, et qui sont presque toujours ceux de l’enfant né de deux personnes à chevelure noire comme l’était celle de monsieur et de madame Evangélista ». (Honoré de Balzac, Le Contrat de mariage)


        • Cnapitre 4 (BENZOUAI + ZEGROUR)

          CHAPITRE 4                                                       

                                                         LA MODALISATION EN FRANÇAIS

           

          Objectif : Identifier les indices de la modalisation afin d'apprécier le degré d'adhésion de l'énonciateur au contenu de l'énoncé.

                                  

          Introduction

               Dans tout discours construit, l’énonciateur peut porter un point de vue sur son énoncé avec des nuances par rapport à son interlocuteur, par rapport à ce qu’il énonce ou encore par rapport au monde qui l’entoure. Ainsi, il va être amené à marquer, d’une valeur relative (modalisateur), son énoncé de base.

               Par exemple, l’idée de « pleuvoir » que l’on peut exprimer par des énoncés de base comme : « La pluie tombe » ou « Il pleut » …, pourra devenir alors comme énoncé modalisé : « Il va peut-être pleuvoir » (éventualité).

          1.      Qu’est-ce que la modalisation ?

               La modalisation est le fait d'introduire dans un énoncé une part de subjectivité. La présence du locuteur est ressentie à travers la présence de certaines marques grammaticales tels que les pronoms liés à ce locuteur (je, nous, mon, notre...). En effet, pour manifester aussi sa subjectivité, l'énonciateur peut indiquer par d’autres indices (mots et expressions) ses impressions ou son point de vue par rapport à ce qu'il exprime, même dans un texte à la troisième personne.

          Ø  Donc, sont considérés comme modalisateurs les mots qu’un locuteur porte sur son propre énoncé, et qui traduisent la marque de son opinion et de son jugement: les indices d'opinion, de jugement (verbes, adverbes), les marques affectives (termes impliquant une émotion ou un sentiment) et les termes évaluatifs (vocabulaire valorisant (mélioratif) /dévalorisant (péjoratif), comparatif/superlatif…), le temps choisi, lesquels sont  convoqués par le locuteur pour permettre de marquer :

          -          Un évènement, un propos agréable ou désagréable, une émotion ou un sentiment par des termes valorisants (mélioratifs)… C’est la modalisation affective.

                   Ex: J’ai été émue par cette musique au rythme entraînant.

          -          Une appréciation, un propos favorable ou défavorable, un jugement, un doute, admiration, une révolte….C’est la modalisation évaluative (appréciative).

                   Ex : Ce qui m’a déplu dans ce film, c’est son scénario trop long.

          -          Par ailleurs, on appelle modalisation l'ensemble du vocabulaire qui marque la présence de ce locuteur par un propos.

           

          2.       Le vocabulaire valorisant ou mélioratif

          Pour exprimer un jugement positif sur un être ou une chose, on choisit :

          Des verbes d’appréciation qui sous-entendent un jugement positif : aimer, adorer, admirer, contempler, préférer, choisir…

          Des adverbes marquant le jugement de valeur positif : bien, délicieusement, magnifiquement, parfaitement, superbement…

          Des noms valorisants pour désigner un être ou une chose.

          Exemple : « Une demeure » est plus valorisant que « une cabane ».

          Des adjectifs mélioratifs donnant une impression positive.

          Exemple : « Des couleurs éblouissantes » est plus valorisant que « des couleurs criardes. »

          Des préfixes et suffixes ayant une valeur méliorative.

          Exemple : extraordinaire ; intelligentissime ; archiconnue…

           

          3.      Le vocabulaire dévalorisant ou péjoratif

          Pour exprimer un jugement négatif sur un être ou une chose, on choisit :

          Des verbes d’appréciation qui sous-entendent un jugement péjoratif : détester, abhorrer, haïr, redouter, craindre…

          Des adverbes marquant le jugement de valeur négatif : mal, malencontreusement, malheureusement, affreusement…

          Des noms dévalorisants pour désigner un être ou une chose.

          Exemple : « Une masure » est dévalorisant par rapport à « une maison ».

          Des adjectifs péjoratifs donnant une impression négative.

          Exemple : « Des remarques dérisoires » est dévalorisant par rapport à « d’infimes remarques »

          Des préfixes et suffixes ont une valeur péjorative.

          Exemple : jaunâtre, fadasse, noiraud, vieillot…

          L’introduction du doute de la part du locuteur est une manière de sous entendre un jugement de valeur avec :

          -          L'emploi du conditionnel

          -          L’utilisation de la tournure impersonnelle « il paraît que »

          -          L'utilisation de pronoms indéfinis comme « certains », « d’aucuns » …

          Exemple : « La star aurait cédé une somme certaine à une association caritative. » (L’information est mise en doute).

          Rappel : Selon le point de vue du locuteur, le vocabulaire est soit mélioratif ou valorisant, soit péjoratif ou dévalorisant. Mais, il est possible de rester neutre sans laisser parler sa subjectivité.

           

          4.      Les marqueurs de la modalisation

          Les marqueurs de la modalisation sont divers au plan des formes utilisées et des catégories grammaticales. On citera, à titre d’exemple :

          -          Les modes indicatifs [procès constaté], 

          -          Le subjonctif [pouvant marquer le doute, la certitude…],

          -          Les auxiliaires de modalité [« Il croit savoir »],

          -          Les adverbes [« Il pleut énormément »],

          -          Les adjectifs marquant par exemple une appréciation [« Une soirée inoubliable »],

          -          Les déterminants [« Il n’avait plus rien à manger »],

          -          Les marques prosodiques comme l’intonation [admirative ou autre].

           

          5.      Les modalités de l’argumentation

          La modalisation est aussi une des composantes de l’argumentation. Dans toute argumentation il y a un sujet qui s’engage, et son discours modalisé sera la marque de son engagement. On peut distinguer quatre types de modalités :

           

          Modalités 1 : catégorie de l'assertion
          Modalités 2 : catégorie du certain / non certain
          Modalités 3 : catégorie des appréciatifs
          Modalités 4 : catégorie des relations inter-sujets

           

          Ø  Dans ce cadre donné, nous avons établi pour chacune de ces catégories modales une échelle possible de variations de la prise en charge, par l'énonciateur, des énoncés qu'il construit :

           

           

          5.1. MODALITE 1 (de base)

          Catégorie de l’assertion

               Cette première catégorie de modalités est une catégorie de base, présente dans tout énoncé. L’énonciateur doit obligatoirement choisir entre une assertion affirmative ou négative ou bien encore exprimer une demande pour sortir de son incertitude : La question.

               Nous  avons adjoint à cette catégorie les exclamations qui en fait reprennent l’une ou l’autre des formes de ces trois premières catégories, mais recoupent en même temps d’autres types de modalités : appréciations, nécessité … [« Vous n’y pensez pas ! »]

          Affirmation

          Négation

          Interrogation

          Exclamation

           

          5.2. MODALITE 2 

          Catégorie du certain / incertain

               Ces modalités sont celles qui vont permettre à l’énonciateur, sur la base d’un énoncé implicitement présent « Il échouera », de donner son évaluation sur les chances d’accomplissement de la relation sujet – prédicat[1]. « Il va certainement échouer à son examen ».

               On aurait pu à la place avoir aussi « Il se peut qu’il échoue à son examen ». L’éventail quant à la position de certitude de l’énonciateur est large. Il pourra aller de la certitude absolue : « Il échouera sûrement à …» à une incertitude complète « Il ne devrait pas échouer à son examen, mais rien n’est moins sûr » en passant par des états de gradation du plus ou moins certain, comme « Il échouera peut-être ».

          -          Certitude : Je déteste bronzer idiot sur la plage

          -          Incertitude : C’est peu vraisemblable

          -          Contingence : Un coup de vent  fortuit est survenu cette nuit. Nous ne l’attendions pas.

          -          Probabilité : Il fera vraisemblablement beau demain

          -          Possibilité : Aller sur la lune, c’est faisable de nos jours.

          -          Nécessité : Il est indispensable que le camion qui ramasse les ordures passe  trois fois par semaine.

          -          Concession : Votre prononciation n’est pas parfaite, cependant on vous comprend.

           

          5.3.MODALITE 3

          Catégorie des appréciatifs
               L’énonciateur peut porter sur l’ensemble de son énoncé un jugement de valeur appréciative. Il constate un fait, en donne une valeur et peut porter un jugement à ce propos : « Jean est capable de faire l’ascension de l’Everest, il en a les aptitudes ». (Est capable renvoie aux jugements et aptitudes aux appréciatifs).

          Bien entendu, appréciations et jugements sont souvent étroitement liés dans les énoncés.

           

          5.4. MODALITE 4

          Catégorie des relations entre co-énonciateurs        

               Ce sont des modalités essentiellement pragmatiques ou modalités de relations entre sujets. Elles ont souvent pour objectif d’influencer  pour  convaincre de faire ou de ne pas faire. Par exemple : l’obligation, l’interdiction, la permission, le dire de faire (ou ne pas), l’ordre, l’autorisation, la promesse ….

           

          -          Obligation : A la poste je dois attendre mon tour pour passer au guichet.

          -          Permission : Paul lui demanda d’entrer chez elle. Marie acquiesça d’un signe de tête

          -          Autorisation : Je peux fumer au bar-tabac…

          -          Interdiction : … mais pas dans les lieux publics.                                                                                            

          6.      Les procédés de la modalisation

               Nous noterons ici qu’une modalité peut se surajouter à une autre dans un même énoncé.

          Par exemple : « Tu ne vas pas sortir en chemise ! » implique une modalité du possible =  « Tu risques fort d’attraper froid si tu ne te couvres pas assez » est une modalité du conseil = « Tu devrais t’habiller plus chaudement ».

          Ainsi, pour exprimer l’ensemble des modalités, il existe différents procédés :

          -          Les verbes de jugement, d'obligation, de volonté, de permission, d'opinion, d'état : devoir, pouvoir, prétendre, affirmer, ignorer, croire, estimer, sembler paraître

          Ex. Je pense qu'il n'arrivera pas à temps pour le dîner. Je crois qu'il viendra.

          Ex. Il doit arriver pour le dîner. Il peut avoir un problème.

          Ex. Cela paraît fou.

          -          Les temps : futur antérieur (supposition), conditionnel (hypothèse, incertitude)

          Ex Il est en retard. Il aura raté son train.

          Ex Il serait innocent de ce crime abominable.

          -          Les expressions : A mon avis, Si vous en êtes d'accord, Selon des sources, D'après Monsieur X, Par bonheur, A ma grande surprise...

          -          Les types de phrase : Quelle aventure ! (émotion), Tu ne veux pas que j'aille à la piscine avec vous ? (indignation)

          -          Le lexique : GN ou adjectifs mélioratifs (= positif) ou péjoratifs (= négatif): inadmissible, formidable...

          Ex. Ce livre est un chef-d’œuvre.

          -          L’adverbe : heureusement, sans doute, probablement, peut-être...

          Ex. C'est trop bien !

          -          L’intonation : à l'oral, ponctuation à l'écrit.

          Ex. Vous ici ? Mais c'est une honte !

          -          La typographie : spéciale, gras, capitale, italique

          Ex. Il est en retard... TRES en retard ! (exaspération)

          -          Les figures de style : antiphrase, ironie...

          Ex. Tu as eu 5/20 ? Félicitation !

          7.      Les nuances des mots

               On reconnait la subjectivité de l’auteur dans un texte écrit à travers la présence d’indices exprimant un jugement ou des tournures suggérant l’émotion. Ainsi, tout lecteur doit se préparer à réagir aux nombreuses nuances que lui sont apportées par les mots suivant deux tendances fortes : La valorisation et la dévalorisation. Sa lecture sera donc sensible à l’ensemble des mots introduits dans le texte  par l’auteur qu’ils soient : neutres, chics, chocs, doux, gros ou bons.

           

          Ø  Où peut-on trouver les marques de la valorisation ou de la dévalorisation associées ?

          ·         à certains synonymes possibles d’un mot, qui mettent en évidence une nuance méliorative (valorisante), d’autres une nuance péjorative (dévalorisante) ;

          -          une boisson (neutre), un breuvage (dévalorisant), un nectar (valorisant).

          ·         à certains suffixes qui indiquent un aspect péjoratif ;

          -          fadasse, chauffard, discutailler, starlette, noirâtre.

          ·         à des mots qui peuvent servir à exagérer ou à atténuer une réalité. Par souci de rectitude politique, on évitera la dévalorisation impliquée dans le mot vieillard pour lui substituer la périphrase nettement plus valorisante de personne de l’âge d’or.

          ·         à un ensemble de mots qui peuvent créer une perspective de valorisation ou de dévalorisation, comme dans ce portrait de Jean de la Bruyère (XVIIe) :

          -          Arfure cheminait seule et à pied vers le grand portique de Saint, entendait de loin le sermon d’un carme ou d’un docteur qu’elle ne voyait qu’obliquement, et dont elle perdait bien des paroles. Sa vertu était obscure, et sa dévotion connue comme sa personne. Son mari est entré dans le huitième denier : quelle monstrueuse fortune en moins de six années ! Elle n’arrive à l’église que dans un char ; on lui porte une lourde traîne ; l’orateur s’interrompt pendant qu’elle se place ; elle le voit de front, n’en perd pas une seule parole ni le moindre geste. Il y a une brigue entre les prêtres pour la confesser ; tous veulent l’absoudre, et le curé l’emporte.

          Ø  Remarque :

          À l’oral, le registre familier de la langue, souvent sarcastique, fait volontiers usage de termes dévalorisants pour caricaturer une réalité, comme le montrent les mots en italique dans l’exemple ci-dessous.

          -          La bonne femme est débile, elle conduit son bazou au milieu de la route.

          Conclusion :

               Il est tout à fait clair que expressions « modalisation » et « modalité d'énoncé » sont exactement synonymes. Du point de vue de la modalisation, dans chaque énoncé, il faut distinguer un « dictum »,  ce qui est dit,  d'un « modus » qui est l'intention avec laquelle on le dit.

               Pour apprécier le degré de modalisation d'un texte, il convient d'examiner de manière systématique tous les termes (les modalisateurs) qui peuvent traduire la subjectivité de l'énonciateur.

           

          §  POINTS DE REPERES BIBLIOGRAPHIQUES :

          -          DUCART Dominique, 2004, Entre grammaire et sens, Paris : OPHRYS.

          -          DUCROT, O, et alii, 1980, Les mots du discours, PARIS : Minuit.

          -          FUCHS Catherine, 2004, (Dir.), La linguistique cognitive, Paris : OPHRYS.

          -          BAKHTINE, M, 1977, Le marxisme et la philosophie du langage, PARIS : Minuit.

          -          BALLY, C, 1944, Linguistique générale et linguistique française, BERNE : Francke.

          -          BENVENISTE, E, 1966, Problèmes de linguistique générale, I, PARIS : Gallimard.

          -          BENVENISTE, E, 1974, "L'appareil formel de l'énonciation", in : Problèmes de linguistique générale, II, PARIS : Gallimard.

          -          FÈVE, G, 1992, (Dir.), L'enfant polynésien - son univers langagier - , PARIS : L'Harmattan.

          -          FÈVE, G, & LOMBARDINI, C, 1994, (Dir.), Communication et parlers en Polynésie, Paris : Maisonneuve-Larose.

           

           

           

           

           

           

           

           

           

          Application/T.D :

          Exercice 1 : Dans le texte suivant, soulignez toutes les marques d’un jugement de valeur de la part de son énonciateur (subjectivité) :

          « Pas un n’est touché. C’est une chance ! Des bruits de moteur parcourent la nue, électrisent – avec la poudre de l’explosion du 105 – l’atmosphère. Me voilà nerveux ; presque défaillant comme un poussin ; et si fragile ! (…) Une odeur de poudre et de calcination nous empeste les narines, nous oppresse. (…) Y a-t-il des morts ? Je n’ose le savoir. Je me suis remis à t’écrire ; je le saurai assez tôt ».

           

          Exercice 2 : Pour chaque phrase, indiquez si l’énoncé est objectif ou subjectif.

          a)      Ce matin, tous les journaux racontent le succès d’un concert de musique classique.

          b)      Quel concert grandiose ! Ce fut une soirée magique !

          c)      Les spectateurs ont manifesté leur joie par trente minutes d’applaudissements et plusieurs rappels.

          d)      Le chef d’orchestre et les musiciens ont salué la salle à plusieurs reprises.

          e)      Les artistes sur scène semblaient très heureux ; on aurait dit qu’ils vivaient un moment fort.

           

          Exercice 3 :

          Consigne :

          a.       Lisez le texte et soulignez les marques d’affectivité que vous pouvez y reconnaître.

          b.      Sur la fiche de travail, classez les éléments repérés selon qu’ils apportent une idée de valorisation ou de dévalorisation.

          Texte 1    

               « Il me semble que ceux qui détiennent la norme ici pensent que les auteurs font bien peu de cas des questions de langue : il y a donc un certain antagonisme entre les deux et très peu de contacts. Mais s’ils veulent que la norme pénètre leur marché, c’est-à-dire la société, ils doivent à tout prix s’allier les auteurs et cesser de les considérer comme de méchants garnements qui encouragent les gens à mal parler ! [...] Moi, je dis toujours aux professeurs de français : Enseignez-la, la norme, parce que mieux on la connaît, plus fine et nuancée sera notre connaissance de la langue, plus grande sera notre utilisation et plus légitimes seront nos désobéissances ! »

                                                   Marie LABERGE[2], « Marie Laberge capitaine de vaisseau », entrevue de Danielle 

                                                                                                         Soucy, La francisation en marche, printemps/été 1994.

          Fiche de travail

          Marques valorisantes

          Marques dévalorisantes

          Intention

          Type de texte

           

           

           

           

           

           

           

           

           

           

          Exercice 4 : Indiquez la nature de la marque de modalisation utilisée dans chaque phrase : adverbe (locution adverbiale), auxiliaire de modalisation, conditionnel, expression tout faite, figure de style ou verbe (locution verbale) de pensée.

          1)      La jeune fille que la police recherche aurait été aperçue près des quais. ………

          2)      À l’évidence, les peintres n’auront pas fini dans les délais. …………

          3)      Je crois qu’ils n’oseront pas venir. ……………

          4)      Hélas, on ne peut faire revivre le passé ! …………

          5)      Elle hurlait et s’agitait comme une folle. …………

          6)      Ils doivent partir en vacances demain………………

          7)      Le Président serait en fuite et les militaires auraient pris le pouvoir. …………

          8)      Elle est peut-être rentrée à cette heure.……………

          9)      Ce spectacle semble beaucoup les ennuyer. …………

          10)  Notre employée de maison est une perle. …………

          11)  À ce qu’il parait, ils se marient en juin. …………

          12)  Mais si, je t’assure, elle a maintenant son permis de conduire. …………

           

          Exercice 5 : Indiquez la nuance qu’apporte à l’énoncé le modalisateur en gras : certitude, doute, jugement, probabilité ou sentiment.

          1. Les habitants de l’île redoutent l’arrivée du cyclone.

          2. Il aurait mieux fait de ne pas se mêler de cette histoire.

          3. Elle est peut-être passée hier au bureau.

          4. Je ne suis pas du tout sûr qu’il soit coupable.

          5. Il est évident que c’est la meilleure solution.

          6. La police aurait arrêté le coupable.

          7. À cause de ce mouvement de grève, les transports sont malheureusement très perturbés.

          8. La boulangerie doit encore être ouverte.

          9. Les abondantes chutes de neige de ces derniers jours ont sûrement endommagé le réseau électrique.

          10. Il s’est bêtement blessé en bricolant.

           



          [1] Prédicat, assimilable ici au syntagme verbal.

          [2] La romancière, dramaturge, metteure en scène et poète québécoise Marie Laberge a fait part de ses rapports avec la langue dans une entrevue accordée à Danielle Soucy pour la revue La francisation en marche. Pour cette femme passionnée, l’écriture est « un voyage dans la langue » et à ceux qui s’inquiètent de la correction de la langue québécoise, elle répond dans l’extrait donné.


          • Chapitre 5 (BENZOUAI + ZEGROUR)

            CHAPITRE 5 :

                                                                  L’ARGUMENTATION

             

            Introduction :

            L’argumentation : est une opération qui prend appui sur un énoncé assuré (accepté), l’argument, pour atteindre un énoncé moins assuré (moins acceptable), la conclusion. (Christian Plantin, L’argumentation, Seuil).

            -          Le mode d’organisation argumentatif

            Ø  Qu’est-ce qu’argumenter ?

            Pour qu’il y ait argumentation,  il faut qu’il existe :

            -          un propos sur le monde qui fasse question …

            -          un sujet qui s’engage … et développe un raisonnement pour essayer d’établir une vérité sur ce propos.

            -          un autre sujet qui, concerné par le même propos, questionnement et vérité, constitue la cible de l’argumentation.

            Propos sur le monde

             

                                       (Questionnement)                                        (Questionnement)

                  (Etablissement   d’une vérité)                                                (Vérité)

             Sujet argumentant …………….Persuasion…………………. Sujet cible

                                                   (Pour / Contre)

            Ø  Les niveaux de raisonnement : Un raisonnement logique peut être exprimé suivant deux manières : explicitement (connecteurs logique) ou implicitement (non verbal, typographie). Ainsi, il y a 3 niveaux de construction des relations logiques :

            -          cognitif, où se construisent les archétypes logico-linguistiques,

            -          linguistique, où le lien est spécifié par les sens des marques formelles,

            -          discursif, où c’est le contexte et la situation de communication qui intègrent ce lien dans un dispositif argumentatif.

            Ø  Configuration linguistique et marques formelles :

            -            Mots grammaticaux

            -          Mots lexicaux

            -          Constructions de phrases.

            Ø  Catégories logico-linguistiques :

            -          La conjonction

            -          La disjonction

            -          La restriction

            -          L’opposition

            -          La causalité

            -          L’implication

            -          L’explication

            - L’hypothèse

             

             

            Ø  L’ORDRE DE L’ARGUMENTATION

            L’argumentatif, comme mode d’organisation du discours, constitue la mécanique qui permet de produire des argumentations sous ses différentes formes

            Ø  ORGANISATION DE LA LOGIQUE ARGUMENTATIVE

            -          Les composantes de la logique argumentative sont :

            1-      Les éléments de base de la relation argumentative : 

            a)      L’assertion de départ : constituée par une première assertion, en principe consensuelle.

            b)      L’assertion d’arrivée : constituée par l’assertion conclusive qui tend à être convaincante.

            c)      L’assertion de passage : constituée par le relateur (mot ou expression).

            2-      Les modes d’enchaînement :

            a)      La conjonction : Il travaille vite et bien.

            b)      La disjonction : Etre ou ne pas être, là est toute la question.

            c)      La restriction : Il a beau être arrivé le premier, il n’est pas le meilleur.

            d)      L’opposition : Quand le chat dort, les souris dansent.

            e)      La cause : Je m’attendais à recevoir un savon magistral pour avoir fait le pitre.

            f)       La conséquence : Les gens ne vont plus au théâtre à cause de la télévision.

            g)      Le but : Je ferai l’impossible pour que mon voyage soit bref.

            3-      Les modes de raisonnement : Un raisonnement logique peut exprimer où la progression où la rupture (voir le tableau) 

            1-      Déduction : Si les fleurs sont des plantes et si une tulipe est une fleur, alors

             la tulipe est une plante.

            2-      Explication : Je suis reparti parce quon m’a fermé la porte au nez.

            3-      Association : Les amis de mes amis sont mes amis.

            4-      Choix alternatif : Ou  je réduis votre salaire ou vous travaillez plus.

            5-      Concession restrictive : Certes, votre argumentation est habile, mais vous savez très bien que c’est de la pure démagogie.

            Exemple : l’opération de causalité, structure générale :

                     A1 (cause)                                     (relateur)                                   A2 (effet)

            Exemple : Je n’étais pas sûr de pouvoir me libérer, alors  j’ai décliné l’invitation.

            -          REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :

            -          FÈVE, G, (Dir.) & alii,  2005, « Grammaire des textes et des discours – comment  argumenter », Irkoutsk, Editions de l’Université de Linguistique et de Langues d’Irkoutsk.

            -          FREI, H, 1929, La grammaire des fautes, GENEVE : Slatkine.

            -          KLEIN, W, 1989, L'acquisition de langue étrangère, PARIS : Armand Colin.

            -          LAMY, A, 1981, Pédagogie de la faute et enseignement de la grammaire, PARIS : B.E.L.C.

            -          LANGAGES, 1980, N° 57 & 1986, N° 84.

            -          CAIN Albane, 1989, (Dir.), L’analyse d’erreurs, accès aux stratégies d’apprentissage : une étude inter-langues (Allemand, Anglais, Arabe, Chinois, Portugais), Paris : INRP.

            -          FÈVE, G, 1985, Le français scolaire en Algérie - pour une nouvelle approche des systèmes d’apprentissage -,  ALGER : Office des Publications Universitaires.

             

            Application/ TD :

            (QUELQUES PROBLEMES D’ARGUMENTATION ET DE RELATIONS LOGIQUES)

            -          Consigne :

            ü  Voici quelques énoncés réputés déviants, relevez la règle transgressée puis l’élément qui fait défaut en proposant ensuite son équivalent dans le registre soutenu. :

            -          Énoncés polynésophones :

            1 - Ghiva partait comme   l'habitude au village.

                                                  

            2 - Par sa colère il monta chez elle dans l'intention de la manger.

                

            3 - Ils sont allés à la chasse comme   leur habitude.

                                                    

            4 - Son mari a continué de se battre à cause de la liberté.

                                                                       

            5 - Il la suivit d’après les gouttes de sang répandues.

                                   

            6 - Il ramène pour fruits des salades.

                       

            -          Énoncés russophones :

            7 – Tout de suite sa femme est entrée dans la maison.

                 

            8 – Mais elle s’est mariée de nouveau.

                   

            9 – Il n’a pas voulu le prendre mais puis il a consenti à sa demande.

                                                             

            10 – Puisqu’ils ne pouvaient pas respirer cette odeur, ce monsieur s’est coincé le nez avec une pince.

                                                                                                                       

            11 -  ….   . Ø  Une fois la femme s’est lassée de cette odeur.

                           

            12 – Mais puis il se souvenait de tout.

                            

            13 – En tout cas, en quelques degrés, les gens qui l’on vécue, sont malheureux.

                                   

            14 – Il a commencé à sauter avec joie.

                                                           

            15 – Elle lui a demandé d’où il la connaissait.

                                               

            16 – Puis il devra faire de manière que les requins mangent ces serpents.

                                                 

             

            -          REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

            -          Adam J.-M. Les textes : types et prototypes. Récit, description, argumentation, explication  et dialogue. - Paris : Nathan, 1992.

            -          Albert M.-C De l'utilisation des textes en français langues étrangères : apport de la réflexion sur les typologies textuelles // Cahiers du CRELEF. - N° 32. -- Les discours de la communication didactique. - Université de Franche-Comté, 1992. - P. 71-93.

            -          Austin J.-L. Quand dire c'est faire. - Paris : Seuil, 1998.

            -          Boissinot A. Les Textes argumentatifs. - Bertrand-Lacoste. CRDP de Toulouse, 1996.

            -          Chamberlain A., Steele R. Guide pratique de la communication. -- Paris : Hatier, 1985.