Chapitre I
Etude
macroscopique et microscopique de la peau et ses phanères
Introduction
Chez tous les vertébrés, le tégument (ou peau) est constitué par
l’association de deux tissus superposés
L’épiderme : couche
superficielle d’origine embryologique épiblastique
Le derme : tissu conjonctif
sous- jacent d’origine mésoblastique.
Un troisième tissu, également conjonctif, riche en cellules adipeuses peut
être présent c’est l’hypoderme Fig. 1
* N.B. : L’épiderme de tous
les vertébrés est un épithélium
stratifié
.
Fig. 1
Structure macroscopique
La peau
qui recouvre tout notre corps est un organe très fin (environ 2,5mm d'épaisseur
chez un adulte moyen) mais très utile. En effet, elle a différents rôles essentiels
tels que protéger l'organisme des agressions extérieures, maintenir la
température du corps, effectuer la transpiration...
Sa
structure se décompose en 3 grandes parties : l'épiderme, le derme et L’hypoderme.
L’épiderme mesure, suivant les
zones de l’organisme, de 1 à 4 millimètres. Il est le plus fin au niveau des
paupières où il mesure environ 0,1 millimètre, il est plus épais au niveau des
paumes et plantes de pieds où là, il peut atteindre 1 millimètre. Il est le
plus épais au niveau du dos où il peut atteindre 3 à 4 millimètres. Il est en
constant renouvellement. C’est un épithélium stratifié pavimenteux. Les
kératinocytes représentent 80 % des cellules de l’épiderme et ont un
rôle fondamental comme barrière cutanée. En effet, son rôle protecteur assuré
par la couche cornée est la résultante de modifications biochimiques,
métaboliques et immunologiques qui se font au niveau du kératinocytes tout au
long de sa migration de la couche basale jusqu’à sa desquamation finale. Ils
produisent de nombreuses cytokines (IL-1, IL-8, IL-6, TNF...)
Le kératinocyte migre à travers l’épiderme depuis les couches basales
jusqu’aux cellules cornées en 3 semaines en moyenne pour une peau
normale. Au microscope optique, les kératinocytes de l’épiderme peuvent être
ainsi divisés en quatre couches qui sont de la profondeur à la superficie :
La couche basale où ils ont
un maximum d’activité proliférative
La couche épineuse
La couche granuleuse
La couche cornée.
Au fur et à mesure de leur montée dans l’épiderme, les kératinocytes
perdent cette fonction de prolifération pour entrer dans une phase de
différenciation qui, au final, aboutit à la couche cornée, qui assure cette
fonction primordiale de barrière cutanée. Celle-ci est schématiquement
constituée de piles de cellules nucléées aplaties, les cornéocytes
soudés par des jonctions serrées avec un ciment extracellulaire
constitué principalement de lipides (céramides, acide gras libres, triglycérides,
cholestérol).Les kératinocytes basaux comprennent trois populations :les
cellules souches de l’épiderme que l’on trouve plus • particulièrement au
niveau des crêtes épidermiques interpapillaires ;les cellules amplificatrices
qui se divisent avant d’entrer dans • les compartiments de différenciation
cités juste avant ;les cellules post-mitotiques qui restent en position •
basale. Au cours de sa migration au sein de l’épiderme, le kératinocyte voit
apparaître en plus des filaments de kératine, au sein de cytoplasme, des granulations
basophiles qui sont bien identifiées au niveau de la couche granuleuse, couche
où apparaissent les marqueurs de la différenciation terminale de l’épiderme.
Par la suite, de manière brutale, les kératinocytes perdent leur noyau et se
transforment en cornéocytes qui constituent les couches cornées,
ensemble de cellules sans noyau, mais fonctionnelles, réunies par un cément.
L’ensemble assure la fonction de barrière de l’épiderme. Les hémidesmosomes
accrochent les kératinocytes basaux à la matrice extracellulaire et les
desmosomes, les kératinocytes entre eux. Au niveau de la couche cornée ces
desmosomes se transforment en cornéodesmosomes. La fonction barrière de la
couche cornée est renforcée à sa surface par l’existence d’un film invisible
fait d’un mélange de sueur et de sébum, c’est le film hydrolipidique qui rend
la peau pratiquement imperméable à l’eau, mais laisse passer des petites
molécules permettant ainsi d’appliquer certains médicaments et certains
cosmétiques. Au total donc, la différenciation épidermique peut être considérée
comme un processus de maturation continue et orientée des kératinocytes avec
des changements morphologiques, et biochimiques, le tout aboutissant à la
formation de la couche protectrice superficielle constamment renouvelée.
Les kératines qui sont les
filaments intermédiaires des cellules épithéliales ont une expression
différente entre les cellules de la couche basale et les cellules de la couche
cornée (kératines k1 à k20). En ce qui concerne les cellules souches kératinocytaires,
elles sont situées au niveau du bulge (zone entre la glande sébacée et le point
d’attache du muscle érecteur) du follicule pilosébacé.
À côté des kératinocytes, 20 % des autres cellules sont constituées par
:les mélanocytes qui sont la deuxième grande population • cellulaire de
l’épiderme et dont la fonction est d’assurer la synthèse des mélanines.
Ces dernières ont pour rôle de donner à la peau sa couleur, les
phéomélanines étant des pigments jaune-rouge et les eumélanines des pigments brun-noir.
La répartition entre phéomélanines et eumélanines est à l’origine du phototype
cutané
Les cellules de Langerhans représentent la
troisième population cellulaire de
l’épiderme (3 à 8 % des cellules épidermiques), elles appartiennent au groupe
des cellules dendritiques présentatrices des antigènes au lymphocyte T.
Produites au niveau des organes hématopoïétiques, elles migrent vers l’épiderme
où elles sont considérées comme des cellules dendritiques indifférenciées avec
un marqueur spécifique qui est l’antigène CD1a. Le rôle des cellules de
Langerhans est de capturer les antigènes, d’en assurer l’endocytose et de les
réexprimer à leur surface avec les molécules de classe II du CMH pour activer
les lymphocytes T
Les cellules de Merkel constituent la quatrième
population cellulaire de l’épiderme. Ce
sont des cellules neuroépithéliales, qui dérivent des cellules souches de
l’épiderme fœtal et qui ont une fonction de mécanorécepteur. Ces cellules sont
particulièrement abondantes au niveau des lèvres, des paumes, de la pulpe des
doigts et du dos des pieds. Elles sont à l’origine de la tumeur de Merkel.
Le derme Véritable charpente de la peau, il est
constitué de cellules fixes que sont les fibroblastes et de cellules mobiles
que sont les cellules sanguines. À ces cellules s’associent des fibres de
collagène, d’élastine et de réticuline. La cohésion de l’ensemble est assurée
par la substance fondamentale constituée essentiellement de mucopolysaccharides
et parmi eux l’acide hyaluronique identifiée par le bleu de toluidine. Au sein
du derme se trouvent les vaisseaux qui s’arrêtent à la couche basale de
l’épiderme, ce dernier ne contenant pas de vaisseaux, ce qui est important à
savoir
L’hypoderme
Couche la plus profonde de la peau, elle constitue la graisse plus
ou moins épaisse selon les individus, elle est contenue dans des lobules
séparés les uns des autres par des fibres identiques à celles du derme, ces
fibres assurant à la fois la nutrition et la tenue de l’hypoderme. Cette couche
hypodermique a essentiellement une fonction d’amortisseur des chocs et de
protection du froid par isolation. C’est la cible des fillers. Les cellules
souches dérivées des cellules adipeuses apparaissent une cible de plus en plus
intéressante pour le traitement du vieillissement cutané mais aussi d’autres
pathologies du fait notamment de la production de facteurs de croissance comme le
Vascular Endothelial Growth Factor(VEGF), l’Insulin-Like Growth Factor (IGF),
Hepatocyte Growth Factor (HGF), et le Transforming Growth Factor-beta 1
(TGF-β1). Elles auraient notamment un effet anti-radicalaire, stimulant de la
synthèse et de la migration des fibroblastes.