Linguistique (3ème année Licence)
Dre BENTOUNSI Ikram Aya
Département de français
Faculté des Lettres et des Langues
Université d'Oum El Bouaghi
Dre BENTOUNSI Ikram Aya
Département de français
Faculté des Lettres et des Langues
Université d'Oum El Bouaghi
Ce programme annuel de linguistique propose une exploration structurée des fondements, des théories et des applications de la discipline. Il débute par une introduction aux origines historiques et aux courants majeurs de la linguistique, depuis l'Antiquité jusqu'au structuralisme et aux approches modernes. Il examine ensuite les domaines fondamentaux tels que la phonétique, la phonologie, la morphologie, la syntaxe, la sémantique et la pragmatique, tout en intégrant leurs concepts-clés et leurs théories contemporaines. La linguistique appliquée y occupe une place centrale avec des sections sur la sociolinguistique, la psycholinguistique et les technologies du traitement automatique des langues. Les perspectives actuelles sont également mises en avant, notamment sur l'éthique, les droits linguistiques et les défis engendrés par la mondialisation et les évolutions numériques. Le programme se poursuit avec l’étude détaillée de diverses approches grammaticales, de Port-Royal à Chomsky, en passant par Martinet, Bloomfield et Tesnière, pour une analyse comparative des méthodologies. Il se conclut sur les convergences interdisciplinaires et les orientations futures de la recherche linguistique.
La linguistique, depuis les travaux antiques de Pāṇini, Platon et Aristote, a évolué en intégrant des perspectives variées. Au XIXe siècle, Saussure a fondé le structuralisme, axé sur les relations linguistiques. Parmi les courants modernes, le fonctionnalisme explore les fonctions sociales du langage, le générativisme de Chomsky met en lumière des règles universelles innées, et la linguistique cognitive lie le langage aux schémas mentaux. Enfin, la linguistique de corpus analyse les usages réels pour enrichir ces théories.
Dans cette section, nous présentons les différents domaines de la linguistique, chacun ayant pour objectif l’étude d’un aspect spécifique du langage. La phonétique et la phonologie s’intéressent aux sons du langage, la première étudiant leurs aspects physiques et articulatoires, et la seconde leur fonction dans le système linguistique, avec des concepts tels que les phonèmes et les allophones. La morphologie analyse la structure des mots, en distinguant les morphèmes lexicaux, qui portent du sens, et les morphèmes grammaticaux, qui remplissent des fonctions syntaxiques, et explore les procédés comme la dérivation, la composition et la flexion. La syntaxe, quant à elle, s’occupe des règles d’organisation des mots en phrases, des relations de dépendance entre eux, et des théories qui cherchent à modéliser ces structures, comme la grammaire générative ou de dépendance. Enfin, la sémantique se concentre sur le sens des mots et des phrases, en analysant des relations comme la synonymie, l’antonymie et l’hyponymie, et en étudiant les théories formelles et pragmatiques qui cherchent à comprendre comment le sens est structuré et perçu dans différents contextes.
Dans cette section, nous examinons plusieurs domaines de la linguistique appliquée, en particulier la sociolinguistique, la psycholinguistique, et le traitement automatique du langage (TAL). Nous commençons par étudier la relation entre langue et société, en mettant l'accent sur les dialectes et les registres linguistiques. Chaque langue, loin d’être uniforme, présente des variations géographiques, sociales et culturelles qui influencent les choix linguistiques des individus, comme le montre la distinction entre les dialectes régionaux ou les variations liées aux classes sociales. Nous abordons également le phénomène de multilinguisme, où des communautés utilisent plusieurs langues dans différents contextes, et la diglossie, qui décrit la coexistence de variétés linguistiques avec des fonctions sociales distinctes. La langue joue ainsi un rôle crucial dans la formation de l'identité culturelle. En psycholinguistique, nous analysons l'acquisition et l'apprentissage des langues, en explorant la différence entre les processus naturels chez les enfants et les méthodes plus conscientes chez les adultes. Nous abordons aussi la production et la compréhension du langage, qui nécessitent des processus cognitifs complexes. Enfin, nous présentons le traitement automatique du langage, qui inclut des technologies telles que la reconnaissance vocale, la traduction automatique, et l'analyse de texte, tout en soulignant les défis et les opportunités que ces technologies apportent à la linguistique moderne.
La linguistique contemporaine explore des approches comme la linguistique écologique, qui considère la langue comme un élément influencé par son environnement, et la linguistique comparative, qui analyse les similitudes entre les langues. Elle aborde aussi des enjeux éthiques liés aux droits linguistiques, à la préservation des langues minoritaires et à la lutte contre la discrimination linguistique. Les défis actuels incluent l’impact de l’intelligence artificielle, l’évolution des langues sous l’influence des réseaux sociaux, et les effets de la globalisation sur la diversité linguistique, menaçant les langues locales.
La grammaire de Port-Royal, élaborée par Arnauld et Lancelot, considère que la structure des langues reflète une logique universelle de la pensée humaine. Inspirée par la philosophie cartésienne, elle propose une "grammaire générale" expliquant les règles des langues selon des principes universels, influençant ainsi des penseurs comme Humboldt et Chomsky, qui ont développé des théories sur une structure mentale commune à toutes les langues.
La Grammaire Fonctionnelle de Martinet se concentre sur la communication et les fonctions sociales du langage, en distinguant deux niveaux : les monèmes, porteurs de sens, et les phonèmes, qui n’ont de signification que dans leur combinaison. Elle met l’accent sur la redondance pour clarifier la communication. Cette approche analyse les éléments linguistiques selon leur rôle pratique plutôt que par des règles formelles. Bien qu'elle soit appliquée dans divers domaines comme l'enseignement et la traduction, elle a été critiquée pour sa flexibilité au détriment de la rigueur formelle et de l'universalité.
La grammaire structurale de Tesnière, fondée sur la dépendance syntaxique, repose sur l'idée que la phrase s'organise autour d'un noyau, généralement un verbe, auquel sont liés des actants essentiels (sujet, objets) et des circonstants optionnels. Tesnière introduit les concepts de valence, illustrant la capacité du verbe à attirer un certain nombre de dépendants, et utilise des diagrammes arborescents pour visualiser ces relations hiérarchiques. Son approche universelle a influencé les théories syntaxiques modernes, telles que la grammaire de dépendance et la grammaire générative, ainsi que des domaines comme le traitement automatique du langage naturel (TALN), où les relations de dépendance facilitent l'analyse syntaxique. Ces principes trouvent également des applications pédagogiques en rendant accessibles les structures linguistiques et en aidant à identifier les erreurs syntaxiques.
La grammaire générative de Chomsky distingue la compétence linguistique, savoir intuitif permettant de produire et comprendre des phrases infinies, de la performance, qui inclut les erreurs d’usage. Elle repose sur une grammaire interne universelle reliant la structure profonde, exprimant le sens, à la structure de surface, via des règles transformationnelles comme la passivation ou l’inversion interrogative. Critiquée pour son abstraction et son manque d’attention au contexte, elle a évolué vers le Programme Minimaliste, qui simplifie ses principes universels. Malgré les alternatives comme la linguistique cognitive, centrée sur l’expérience et la perception, la grammaire générative reste influente en linguistique.
La comparaison des approches grammaticales met en évidence leurs spécificités et complémentarités. La grammaire générative, centrée sur des règles syntaxiques universelles, formalise les structures profondes et de surface, mais est critiquée pour sa déconnexion de l’usage réel. La grammaire fonctionnelle, axée sur les fonctions communicatives et pragmatiques, offre une perspective contextuelle mais manque parfois de rigueur formelle. La grammaire de dépendance se concentre sur les relations hiérarchiques entre mots, adaptée aux langues à ordre flexible, tandis que la grammaire de construction intègre syntaxe et sémantique pour analyser des unités significatives. Chacune présente des forces et des limites, mais leur combinaison, encouragée par des recherches interdisciplinaires, enrichit l’étude linguistique. Les projets comme le Universal Dependencies Project ou les avancées en traitement automatique des langues illustrent cette synergie, où la fusion des grammaires formelles et cognitives permet une meilleure compréhension des structures linguistiques et de leur usage pragmatique.