Problèmes de définition. Grandes écoles, sources et références

Présentation de plusieurs définitions qui se succèdent dans le temps afin de sensibiliser les étudiants aux différentes étapes chronologiques qui ont marqué l'évolution dans la conception et la pratique de la littérature comparée.

Littérature comparée

La littérature comparée

La littérature comparée consiste en l'étude internationale ou multilingue de l'histoire de la littérature. Elle étudie les grands courants de pensée, le style et les grandes écoles; mais aussi les genres, les formes et les modes littéraires, les sujets et les thèmes. Elle examine la présence d'une œuvre littéraire, d'un auteur, d'une littérature, voire d'un pays dans une autre littérature nationale. Enfin, elle étudie des auteurs de langues différentes, mais liés par des « influences » et des affinités typologiques. La littérature comparée englobe la critique littéraire et la théorie et parfois la LITTÉRATURE ORALE ou folklorique, ainsi que les relations interdisciplinaires avec d'autres disciplines artistiques et d'autres sciences humaines, comme la philosophie et la psychologie.

Bien qu'elle existe dans la plupart des pays où l'on trouve des universités et des centres spécialisés dans le domaine des lettres et des sciences humaines, traditionnellement cette discipline a toujours été importante en France, aux États-Unis et en Europe de l'Est. On reconnaît trois grandes écoles : l'école orthodoxe ou française axée sur la recherche rigoureuse de preuves historiques de contacts, d'imitations, d'influences et de traductions; l'école nord-américaine qui met l'accent sur la méthodologie et la théorie; enfin l'école de l'Europe de l'Est qui intègre cette approche dans une vaste étude de l'histoire, de la théorie et de la critique de la littérature mondiale. (Source internet)

Posons d’emblée la question : que signifie l’expression littérature comparée ? […]. Comparer est un des modes de fonctionnement de l’esprit humain, indispensable au progrès des connaissances. Il s’agit en effet de prendre ensemble (cum) plusieurs objets ou plusieurs éléments d’un ou de plusieurs objets pour en scruter les degrés de similitude (par), afin d’en tirer des conclusions que l’analyse de chacun d’eux n’avait pas nécessairement permis d’établir, en particulier sur leur part de singularité. La reconnaissance de l’importance de ce processus intellectuel a suscité l’établissement de nombreuses sciences fondées sur des méthodes comparatives, dans une perspective dynamique, essentiellement heuristique. (Chevrel. 1989)

1ère définition : l'école française classique

La littérature comparée est : " L'étude des relations spirituelles internationales, des rapports de fait qui ont existé entre les œuvres, les inspirations, voire les vies d'écrivains appartenant à plusieurs littératures. " Jean-Marie Carré 1951

2ème définition : l'école américaine

La littérature comparée est : " l'étude des lettres au-delà des limites d'un pays particulier, ainsi que l'étude des relations entre la littérature d'une part et les beaux-arts, la philosophie, les sciences sociales ou naturelles de l'autre." H. Wellek & A. Remak 1960

3ème définition : l'école française contemporaine

" La littérature comparée est l’art méthodique, par la recherche de liens d’analogie, de parenté et d’influence, de rapprocher la littérature d’autres domaines de l’expression ou de la connaissance, ou bien les faits et textes littéraires entre eux, distants ou non dans le temps ou dans l’espace, pourvu qu’ils appartiennent à plusieurs langues ou plusieurs cultures, fissent-elles partie d’une même tradition, afin de mieux les décrire, les comprendre et les goûter. " A-M-Rousseau, C. Pichois, P. Brunel 1967/83

4ème définition : La littérature comparée selon Daniel-Henri Pageaux

"Au départ, la littérature comparée procède d'une prise de conscience, donc d'une problématisation, de la dimension étrangère dans un texte, chez un écrivain, dans une culture.

A mes yeux, en effet, la question de l'altérité est constitutive de la discipline ; elle lui est même consubstantielle, N'y aurait-il pas deux entrées possibles pour une discipline changée en Janus bifrons : la comparaison et la dimension étrangère ?" D-H. Pageaux

La dernière définition met le doigt sur un élément capital et qui est au cœur des préoccupations comparatistes, il s'agit de l'altérité, de la dimension étrangère. C'est à cette dernière qu'Yves Chevrel abouti, après avoir évoqué la démarche comparatiste.

"La littérature comparée est à entendre par conséquent comme science comparative de la littérature, une branche des sciences humaines et sociales qui se propose d’étudier les productions humaines signalées comme œuvres littéraires, sans que soit définie au préalable quelque frontière, notamment linguistique, que ce soit. Il ne s’agit pas tant de « comparer des littératures » (même si, un temps, l’expression littératures comparées s’est rencontrée) que de questionner la littérature (au sens de collection d’œuvres) en plaçant chaque œuvre, ou chaque texte, dans des séries, à élaborer par le chercheur, qui interrogent la singularité relative de cette œuvre ou de ce texte ; dans cette perspective, un ensemble d’œuvres littéraires n’est pas un donné qu’il s’agit d’explorer en tant que tel, il est un horizon problématique dont le lecteur s’approche en reconnaissant (le mot peut être pris dans un sens quasi militaire) des frontières, des marches, des carrefours – autant de termes souvent employés par les comparatistes pour parler de leur discipline. Les comparatistes construisent des espaces où ils se heurtent volontairement à des œuvres venues de pratiques et de cultures « autres » : l’étranger est leur pierre de touche."


Ces définitions seront longuement expliquées pendant la séance de cours

Voici quelques références bibliographiques pour aller plus loin :

1- Pierre Brunel, Claude Pichois, André-Michel Rousseau, Qu'est ce que la littérature

comparée ?, Armand Colin, 1983.

2- Étiemble, Comparaison n'est pas raison, Gallimard, « Les Essais », 1963.

3- Littérature comparée, sous la dir. de Didier Souiller et Wladimir Troubetzkoy, PUF, 1997

4- Daniel-Henri Pageaux, La Littérature générale et comparée, Armand Colin, 1994.

5- Yves Chevrel, La littérature comparée, 1989